Quels sont les risques ?

Les traitements anti-épileptiques augmentent deux risques différents chez l’enfant à naître : celui de malformation congénitale majeure (MCM) et celui de troubles neurodéveloppementaux (TND) dans les premières années de vie. Ces deux risque sont surtout le fait du valproate (Depakine et autres dérivés du valproate).

1- Concernant les MCM
Une étude datant de juillet 2017 a été conduite par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l'Assurance Maladie fait état de 41 cas de MCM sur 924 grossesses exposées au valproate. Le risque avec ce médicament est estimé 4,4 fois supérieur à celui d’une grossesse non exposée au valproate.

D’autres antiépileptiques augmentent de façon moins importante le risque de malformation : lamotrigine (Lamictal), prégabaline (Lyrica), clonazepam (Rivotril), topiramate (Epitomax), phenobarbital (Gardenal).
Il n’y a pas de preuve significative de risque particulier avec la carbamazépine (Tegretol), le levetiracetam (Keppra), la gabapentine (Neurontin), l’oxcarbazepine (Trileptal).

2- Concernant les TND
Le valproate est responsable d’un risque de troubles mentaux et du comportement presque 4 fois supérieur à celui des enfants non exposés durant la grossesse et d’un risque de troubles du développement psychologique, de retard mental et de troubles envahissants du développement 4,7 fois plus élevé que celui des enfants non exposés (ANSM Juin 2018). Le risque augmente avec la dose et s’avère plus élevé aux second et troisième trimestres.

Les autres anti-épileptiques exposent également à un risque de TND, en particulier lamotrigine (risque multiplié par 1,6), carbamazépine (x2 à x3,2), clonazepam, prégabaline (x1,5).

Lire :

Rapport Exposition in utero à l’acide valproïque et aux autres traitements de l’épilepsie et des troubles bipolaires et risque de malformations congénitales majeures (MCM) en France - Juillet 2017

Risque de troubles neuro-développementaux précoce (avant l'âge de 6 ans) associé à l'exposition in utero à l'acide valproïque et aux autres traitements de l'épilepsie en France - Etude de cohorte à partir des données du SNDS (22/06/2018)

Quelles sont les recommandations ?

Le risque particulièrement élevé de malformations et de TND constaté avec la Depakine a conduit à des recommandations strictes de l’Agence Européenne du Médicament et de l’ANSM.

Actuellement le valproate ne doit plus être prescrit aux filles, aux adolescentes, aux femmes en âge de procréer, sauf en cas d’inefficacité ou d’intolérance aux autres traitements possibles ou surtout en cas d’épilepsie ne répondant spécifiquement qu’au valproate.

- En pratique, s’il n’y a pas d’autre possibilité de traitement, la première prescription doit être faite par un spécialiste (neurologue ou neuro-pédiatre). Le renouvellement ultérieur de l’ordonnance peut être effectué par un médecin non spécialiste dans la limite d’un an. Le neurologue devra réévaluer une fois par an le traitement et justifier ou non de sa poursuite.

- Le médecin prescripteur devra vous faire signer un formulaire d'accord de soin, après vous avoir expliqué la nécessité de ce traitement et vous avoir informée des risques et vous remettre une brochure d’information.

- Une carte patiente (cf. ci-dessous) devra également vous être remise par le pharmacien d'officine. À partir de la fin 2019, cette carte patiente sera progressivement intégrée aux boîtes des spécialités contenant du valproate de sodium ou dérivés administrées par voie orale et distribuées en ville. La carte vous sera remise lors de la dispensation du traitement, le pharmacien devra y mentionner votre nom ainsi que la date de dispensation. Vous devrez présenter au pharmacien le formulaire d'accord de soin signé ainsi que votre ordonnance d'un spécialiste datant de moins d'un an.

 

Avertissements

Des pictogrammes sont désormais apposés sur les boîtes de certains médicaments. Ils sont obligatoires depuis avril 2017. Il en existe deux principaux. L’un (danger) signifie que le médicament  est potentiellement dangereux en cas de grossesse et qu’il ne peut être  donné que s’il n’y pas d’autre possibilité de traitement. L’autre (interdit) indique que le médicament ne doit pas être donné à une femme enceinte.

Depuis juin 2018, le valproate fait l’objet d’un pictogramme « Interdit », avec le commentaire suivant: Ne pas utiliser chez les filles, adolescentes, femmes en âge de procréer ou enceintes, sauf en cas d’échec des autres traitements.

Enfin lisez la brochure d’information qui doit vous avoir été remise et que vous pouvez télécharger sur le site de l'ANSM. 

Ce que vous devez faire

Nous rappelons l'importance - vitale - de ne jamais modifier ou arrêter seul.e son traitement : si vous avez des doutes ou des questions, parlez-en à votre spécialiste.

-    Si vous êtes traitée par valproate et qu’une grossesse débute, vous devez consulter rapidement un spécialiste. N’arrêtez pas de vous-même le traitement.

 -    Si vous n’êtes pas enceinte ni désireuse de l’être, et traitée par Valproate, vous devez disposer d’une contraception efficace. Là aussi prenez un avis spécialisé. Il existe des interactions entre les antiépileptiques et les contraceptifs oraux pouvant réduire l’efficacité de ces derniers.

-     Si vous êtes traitée par valproate et que vous envisagez une grossesse, il est nécessaire de planifier cette grossesse au moins 3 mois à l’avance et de consulter votre neurologue pour étudier une possibilité de changement de traitement. Là encore n’arrêtez pas de vous-même le traitement (ni la contraception).

-    Si malgré ces précautions vous deviez mener votre grossesse sous valproate, vous devrez bénéficier d’une surveillance plus étroite que la normale (entre autres une échographie supplémentaire est possible à la 18°semaine en plus des 3 échographies obligatoires). Il faudra prévoir de ne pas allaiter et votre enfant devra être lui aussi surveillé après la naissance.

- Enfin si vous devez mener une grossesse sous un autre anti-épileptique, vous devez également consulter votre neurologue sachant que des risques de malformations et de TND existent, bien qu’ils soient moins fréquents qu’avec la Depakine.

Indemnisation des victimes du valproate de sodium

Le 4 novembre 2019, le Ministère de la Santé a lancé une campagne nationale d'information sur le droit à l'indemnisation des victimes du valproate de sodium. 

Qui sont les victimes ?
Les victimes sont les enfants dont la mère a été traitée pendant la grossesse et avant le 31 décembre 2015 par un médicament à base de valproate de sodium (Dépakine, Dépakote, Dépamide, Micropakine et génériques) et qui présente des malformations ou des troubles du neurodéveloppement qui pourraient être liés au médicament.

Pourquoi cette date du 31 décembre 2015 ?
Les conditions de prescription et de délivrance des médicaments à base de valproate de sodium chez la femme en âge de procréer ont été renforcées à cette date afin de réduire les risques (voir ci-dessus).

Si vous avez été traitée par du valproate après le 31 décembre 2015 et que votre enfant présente des malformations et/ou troubles du neurodéveloppement, vous pouvez présenter une demande d'indemnisation mais elle doit être adressée à la Commission de conciliation et d'indemnisation de votre domicile.

Quelles démarches effectuer ?
Rendez-vous sur le site de l’Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (ONIAM) pour prendre connaissance et télécharger le formulaire de demande d'indemnisation et la liste des pièces à joindre.

Téléchargez le dépliant d'information dédié (visuel non cliquable ci-dessous).
Des associations peuvent vous accompagner dans vos démarches, elles sont listées dans le document ci-dessus. Elles peuvent également vous informer.

Pour contacter Épilepsie-France, appelez le siège au 01 53 80 66 64 du lundi au vendredi de 14h à 17h ou adressez un email à siege[at]epilepsie-france[dot]fr.

Professionnels de santé, un dépliant d'information vous est également destiné : le consulter.